Quand les émotions deviennent la clé !
Illustration : @demaincommenceajourdhui / https://www.instagram.com/demaincommenceaujourdhui/
La période est intense en termes d’émotions… c’est un peu les montagnes russes à vrai dire. Et face à celles-ci, deux attitudes : les accepter ou les rejeter. Et par ailleurs, il y a nos émotions bien entendu, mais également celles des autres. Toute la problématique du moment que nous vivons, c’est que nos émotions sont intenses… et autant il est simple de gérer, ou tout du moins d’être à l’écoute des émotions des autres quand tout va bien pour nous… autant, quand nous même sommes submergés par des émotions, notre capacité d’écoute peut avoir tendance à baisser.
Ce qui est formidable avec cette pandémie, c’est que nous sommes passé d’un monde professionnel d’où les émotions étaient pratiquement bannies, où être un monstre froid était une qualité, à un monde dans lequel les émotions sont la normalité…
Le monde post-pandémie ne serait-il pas finalement un monde tout simplement…. plus humain ? Les cyniques diront que bien vite, nous reviendrons en tous point au monde d’avant. Je n’y crois pas un seul instant. Pourquoi ? Tout simplement parce que nous mesurons toutes et tous à quel point nos émotions sont importantes dans nos vies, ce que nous avions probablement un peu oublié, tout du moins dans le milieu professionnel.
Pourquoi cela restera ? Voilà quelques-unes des raisons que j’ai trouvées.
1- L’importance du lien
Qui après la période que nous vivons pourra dire qu’il/elle n’a pas besoin d’un moment autour de la machine à café, de pouvoir regarder quelqu’un dans les yeux, ce qui est impossible avec Teams ou Zoom, de pouvoir, tout simplement, sourire à quelqu’un ? Cette période nous rappelle que ce qui nous semblait insignifiant avant, est fondamental aujourd’hui.
Tout notre système de valeur et d’évaluation de notre travail, et de notre environnement de travail a été mis à plat. Celles et ceux qui auront connu cette période sont changés et vont mettre en place des comportements durables en entreprise que même celles et ceux qui n’auront pas connu l’entreprise confinée adopteront… car ce sera la nouvelle normalité.
2- La réalité de nos émotions
Qui n’a pas connu un coup de mou depuis le mois de mars 2020 ? À la sortie du premier confinement, plus de 49% des salariés se déclaraient en détresse psychologique. La 6ème vague du « Baromètre de la santé psychologique des salariés Français en période de crise », réalisé par OpinionWay vient de sortir et ce n’est pas réjouissant : la détresse glisse vers la dépression. Il n’y a « plus que » 45% des salariés qui se déclare en détresse, mais le taux de dépressions, lui, a explosé : 36% des salariés souffrent ainsi d’une dépression.
Alors, vous allez me dire qu’il n’y a pas de quoi se réjouir… vous avez raison, mais cette réalité échappait à beaucoup d’entreprises. L’état émotionnel des troupes n’était pas vraiment une priorité avant la pandémie. Désormais, cet état émotionnel et psychologique est devenu un enjeu stratégique.
“J’aime la règle qui corrige l’émotion. J’aime l’émotion qui corrige la règle.” Georges Braque
Aujourd’hui, il s’agit de traiter en urgence, certes, mais de plus en plus d’entreprises forment leurs managers à la gestion des émotions de leur équipe. Et oui, prévenir plutôt que de guérir, les vieux adages sont toujours importants ! Tous les réflexes que beaucoup de managers sont en train de prendre resteront et auront, n’en doutons pas, enfin, un impact sur le niveau catastrophiquement élevé de burnout avant la pandémie !
Oui, je suis convaincu que quand la pandémie sera derrière nous, l’une des qualités d’un manager qui sera demandée, ce sera sa capacité à maintenir un bon état psychologique de son équipe… et oui, presser comme un citron un salarié, cela peut fonctionner à court terme, et beaucoup de managers fonctionnaient encore ainsi avant la crise, cela deviendra moins acceptable après.
3- L’importance de l’intelligence collective
Tous les métiers, y compris les plus individuels, pâtissent du manque de lien et d’échanges. Nous réalisons toutes et tous que ce sont aussi ces échanges informels autour de la machine à café qui génèrent de nouvelles idées.
Ce qui semblait être une évidence dans des métiers créatifs le semblait moins pour des métiers plus traditionnels comme par exemple la finance ou la comptabilité. Et bien même dans ces métiers réputés individualistes, la distanciation gèle l’évolution. Mettre en commun nos cerveaux, dans tout ce qu’ils ont de meilleur ou de pire, c’est cela qui fait qu’une entreprise progresse.
Ce qui nous a fait prendre conscience de cela ? Nos émotions. Ce que nous considérions comme une évidence acquise a disparu : le collectif. Prêtez attention aux mots. Nos grands-parents, s’ils travaillaient dans une entreprise parlaient de leur « société », mot utilisé pour décrire une organisation humaine. Nos parents, eux, parlaient de leur « entreprise », mot économique avant toute chose. Ma génération, elle, parlaient de « boite »… mot utilisé également pour décrire le dernier lieu d’habitation d’un être humain.
Petit à petit, le monde de l’entreprise s’est déshumanisé sans vraiment que nous y prêtions attention. Brutal retour à la réalité, certes, mais peut-être que nos enfants parleront à nouveau de « société ».
CONCLUSION
Oui, émotionnellement, la période est sans aucun doute l’une des plus longue et complexe à gérer que le monde n’ai jamais connu d’un point de vue aussi global. Mais ce sont nos émotions qui nous feront aller vers le mieux. L’instinct de survie, certes, mais pas que. Imaginez les émotions intenses et positives que nous connaîtrons le premier jour où l’on nous dira que le masque n’est plus obligatoire dans la rue, que nous pourrons choisir le nombre de présentiel que nous pourrons faire et, à titre personnel, le jour où nous pourrons nous retrouver à plusieurs centaines dans une salle pour un spectacle… ou une conférence.
Nos émotions sont un formidable levier qu’il faut savoir manier !
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