Les leçons de 1 515 kilomètres sur le Chemin de Compostelle
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Il y a quelques mois, ma vie était un peu en vrac, ainsi que ma tête… problèmes personnels, probable début de burn-out, j’avais conscience que je devais agir. Ce serait le Chemin de Compostelle sur lequel j’étais déjà allé plusieurs fois.
Au début, je n’avais comme projet « que » d’aller jusqu’à Ronceveau. Passer les Pyrénées et en rester là. Aller plus loin que la dernière fois que j’étais sur le Chemin, rien de plus. J’avais un temps limité, 43 jours, cela me semblait raisonnable et plus que faisable. Et puis, au cours de ma préparation, je suis tombé sur un article : un homme de 50 ans avait fait tout le Chemin en 32 jours. Pas un sportif de haut niveau, non, juste quelqu’un de déterminé… alors pourquoi pas moi ?
C’était décidé, j’irai jusqu’à Saint Jacques. Après tout, 37 kilometres par jour, au regard de mon entrainement quotidien depuis des mois, cela semblait faisable. Et ça a été le cas.
Mais, chaque jour qui passait faisait que je marchais plus longtemps, que je faisais plus de kilomètres. Pas pour la performance, non, juste parce que marcher éteignait mon cerveau d’hyperactif et que, paradoxalement, cela me reposait de marcher jusqu’à 65 kilomètres en une journée, jusqu'à faire ces 1 515 km en 36 jours.
Personne ne va jusqu’à Saint Jacques sans raison, et personne n’en revient sans avoir appris quelque chose. On dit souvent que l’on trouve sur le Chemin des réponses aux questions que l’on ne se posait pas… c’est vrai et ce sont ces réponses que je vais essayer de vous résumer dans cet article.
1- l’objectif ou le chemin ?
Certain.e.s disent que l’important, c’est le chemin, pas l’objectif; je faisais partie de ces personnes… avant Compostelle.
Mon objectif était d’arriver à Saint Jacques et, effectivement, c’est le chemin parcouru qui m’a permis de faire un gigantesque reset personnel. Mais sans cet objectif, cette envie de voir cette magnifique place, ce désir de me prouver que je pouvais le faire… combien de fois aurais-je abandonné ?
Marcher de telles distances, s’imposer de telles souffrances (je n’en ai que peu parlé mais croyez-moi, les souffrances furent quotidiennes) sans avoir d’objectif ???? Cel s’appelle du masochisme !
Un chemin sans objectif n’a aucun sens, au même titre que l’on a peu de chance d’atteindre un objectif si l’on a pas de chemin. Oui, les deux sont indissociables et d’égale importance !
2- apprendre à connaître ses limites
Je ne vais pas vous mentir, marcher 1 515 km n’est pas simple, surtout quand on est pas un sportif de haut niveau. 3 mois avant de partir, j’ai commencé, en plus de mon heure de sport quotidienne, à faire des marches, chaque jour, de 10, 20, 30 km, parfois plus. J’ai constaté que je devais m’entraîner, beaucoup, si je voulais atteindre mon objectif.
Nos limites sont faites pour être dépassées si nous le désirons vraiment. Tout n’est pas possible, bien entendu, mais ça, marcher, simplement marcher, je savais que je pouvais y arriver.
Je dînais ce week-end avec une très chère amie qui m’a « avoué», gênée (de façon adorable) ne pas avoir cru que j’y arriverai. Nos pensées sont limitantes et, bien souvent, notre entourage nous encourage à écouter ces limites.
Mais la question de nos limites n’est pas celle qui compte; ce qui compte, vraiment, c’est de se poser la question de savoir si nous pouvons, voulons, nous donner les moyens de les dépasser. Cela a été mon cas pour arriver jusqu’à Saint Jacques de Compostelle.
"Chaque Homme doit inventer son chemin" Jean-Paul Sartre
3- un autre rapport au temps
Quand vous prenez une pause aussi longue que celle que j’ai prise, le temps prend un autre aspect. Dans l’absolu, je pouvais faire ce que bon me semblait. J’aurais pu me lever chaque jour à 9.00, arrêter mes journées de marche à 13.00 quand la chaleur devenait parfois étouffante… mais ça, c’était l’ancien moi.
J’ai laissé ma tête et mon corps me guider, sans aucune contrainte autre que d’avancer chaque jour. Et plus j’avançais, plus je me réveillais tôt, plus je finissais mes journées de marche tard; pas pour faire des kilomètres en plus, juste parce que je le pouvais et que j’en avais envie.
Avant de partir, j’étais déprimé et au bord du burn-out. Je me réveillais chaque jour à 5.00 du matin pour mes différents posts sur les réseaux et sans envie certains jours. Ce temps est révolu. Je vais écouter mon corps et ma tête. Quelle importance si je ne fais pas un post aujourd’hui ou si celui ci se fait 2 heures plus tard ?
Seul l’objectif compte… peu importe la longueur ou le temps passé pour l’atteindre !
4- apprendre à croire en soi
J’avais beau être persuadé de m’être suffisamment entraîné, d’avoir le bon materiel, d’être assez motivé, avant de me lancer, j’avais peur; peur de l’échec, peur de la blessure, peur du regard des autres… toute une série de peur qui auraient pu me faire renoncer.
Plus les kilomètres défilaient, plus ces peurs s’atténuaient jusqu’à disparaître au moment du passage d’une étape qui me terrifiait : le passage des Pyrénées.
Ne me demandez pas pourquoi, mais je savais que si je passais cette étape, située à l’exact mi- Chemin entre le Puy en Velay et Saint Jacques, j’arriverai au bout. Et quand j’ai passé les Pyrénées, j’ai compris que toutes ces peurs étaient certes légitimes, mais qu’elles m’ont aidé dans ce chemin. Sans ces peurs, je ne me serais jamais autant entraîné, je n’aurais jamais été aussi déterminé, je n’aurais, paradoxalement, jamais été aussi confiant.
C’est, je crois, quand on a pas peur, que l’on envisage pas l’échec comme étant une option que l’on fait des erreurs qui peuvent être fatales. Nos peurs doivent nourrir notre confiance en nous-même… pas la détruire !
5- ne pas rester sur le chemin
Revenir d’un tel périple n’est pas chose simple. Plus de stress professionnel, plus de contraintes, plus d’horaires… le retour à la réalité est complexe, tant physiquement que psychologiquement.
Mais quand j’analyse cette aventure au regard du pourquoi je l’ai fait je réalise qu’elle m’a apporté plus que ce que j’étais venu y chercher. Mais c’est bien en revenant petit à petit à ma vie « normale » que j’ai pu en prendre conscience. Ce Chemin a été une parenthèse enchantée, mais ce n’est « qu’une » parenthèse… pas la vie, même si ce chemin est une parfaite allégorie de ce qu’est la vie, avec ses hauts, ses bas, ses difficultés, ses joies, ses peines.
Sortir du Chemin, c’est tirer le meilleur de ces moments et s’en servir pour rendre sa vie plus douce, la remplir d’un sens nouveau.
CONCLUSION
Je commence tout juste à réaliser l’impact que ce Chemin aura sur ma vie et, croyez-moi, il ira bien au delà de ce que je peux dire dans cet article, mais je suis reconnaissant envers moi-même d’avoir eu l’idée de le faire, et à la mère de mes garçons d’avoir accepté de me donner le temps de le faire.
Je n’allais pas bien avant de partir, je reviens tel un homme neuf, serein, prêt à commencer un autre chemin : celui de ma vie. Prenez le temps de vous écouter, d’accepter vos failles, vos faiblesses, et ne considérez jamais que quel que soi votre état d’esprit, il est définitif.
Nous pouvons agir pour notre bien-être, à titre individuel, et je trouve cela très, très rassurant, non ?
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