Le manager, l’antidote à la toxicité au travail ?

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L’homme est un animal social, c’est bien connu. Notre lieu de travail est le lieu où se tissent les interactions sociales, où se concrétisent les objectifs professionnels et où se forge la dynamique d'équipe. Cependant, la présence d'un élément toxique peut perturber cet équilibre délicat, mettant en péril le bien-être des employés, la productivité de l'équipe et, in fine, les résultats de l'entreprise. Au cours d’une carrière, cela nous arrive à toutes et à tous de croiser le chemin du collègue qui est le grain de sable dans l’engrenage de notre quotidien bien huilé, celui ou celle qui par une petite ou une grande toxicité va nous gêner dans notre quotidien.

Les Multiples Visages de la Toxicité au Travail

La toxicité au travail peut revêtir diverses formes, des comportements flagrants tels que le harcèlement ou la manipulation, aux attitudes plus subtiles comme le manque de courtoisie, les remarques dénigrantes ou la propagation de rumeurs. Elle peut se manifester dans des gestes apparemment anodins, comme l'omission d'un salut matinal, jusqu'à des comportements plus destructeurs qui peuvent saper la confiance et le moral de l'équipe. Quelle que soit sa forme, les conséquences de la toxicité sont rarement négligeables.

Bien entendu, il ne faut pas traiter de la même façon un harceleur moral ou quelqu’un qui parle juste trop fort de façon systématique dans l’open-space, mais, dans les deux cas, une chose est certaine, si nous ne faisons rien, cela ne changera jamais. J’ai déjà vu en entreprise des situations qui ne bougeaient pas car personne n’osait ou ne voulait s’attaquer au problème… quelle erreur.

L'Impact Négatif de la Toxicité sur l'Équipe et l'Entreprise

Les effets délétères de la toxicité au sein d'une équipe sont nombreux. Tout d'abord, elle instaure un climat de travail malsain où règnent au pire le stress, la défiance et la crainte et, au mieux, un léger énervement quotidien.

Les salariés peuvent se sentir démoralisés, anxieux, voire déprimés, ce qui nuit à leur épanouissement et à leur performance professionnelle. De plus, la toxicité peut entraîner une détérioration des relations interpersonnelles, des conflits ouverts ou latents, ainsi qu'une diminution de la collaboration et de la cohésion d'équipe. Enfin, elle peut également impacter la rétention des talents, de nombreux employés préférant quitter une situation toxique plutôt que de la subir.

La pire des situations en cas de collègue toxique, c’est quand deux camps finissent par s’affronter, celui de celles et ceux que ledit comportement insupporte, et l’autre qu’il ne gêne pas. Eh oui… comme s’il fallait compliquer encore la situation, nous n’avons pas toutes et tous la même réaction face à un comportement potentiellement toxique. Un exemple tout simple ?

Je suis misophone. Il s’agit d’une « maladie » qui fait qu’un simple bruit de mâchement de chewing-gum peut me donner la nausée ou m’énerver… pour beaucoup, ce bruit est totalement anodin, et, de fait, d’un point de vue cartésien, il l’est. Mais si dans une réunion dans laquelle je suis, quelqu’un mache bruyamment son chewing-gum… on gère comment du fait que, de fait, la personne au chewing-gum ne mache pas délibérément pour m’ennuyer… eh oui, sans le savoir, souvent, nous sommes toutes et tous le toxique de quelqu’un.

Le Rôle du Manager face à la Toxicité : Vigilance et Intervention

Selon mon dernier sondage LinkedIn réalisé auprès de 3 560 personnes, 67% estiment que c'est au manager de venir à la rescousse, 19% la RH, 4% les collègues et, pour 10%, cela reste une affaire personnelle.

Ce chiffre souligne les attentes des employés envers leur supérieur hiérarchique pour garantir un environnement de travail sain et respectueux. Eh oui, chaque membre de l’équipe attend de son manager qu’il soit impartial et juste et que, en conséquence, il saura gérer la problématique.

Face à ce constat, il est crucial pour le manager d'adopter une approche proactive dans la gestion de la toxicité au sein de son équipe. Cela commence par la reconnaissance des signes de toxicité, aussi bien les comportements évidents que les attitudes plus subtiles. Cela fait partie du courage managérial : quand un problème potentiellement conflictuel apparait dans l’équipe, il ne faut surtout pas fermer les yeux, mais le traiter avant qu’il ne prenne de l’ampleur.

Une fois identifiés, il est primordial d'intervenir rapidement et efficacement pour éviter toute escalade du problème. Cela peut impliquer des discussions individuelles avec les membres de l'équipe concernés, la médiation de conflits ou encore des mesures disciplinaires si nécessaire.

Bien entendu, d’un point de vue préventif, le manager doit encourager une culture de communication ouverte et de respect au sein de son équipe, où chacun se sent en confiance pour signaler tout comportement toxique ou problématique. Cela peut passer par la mise en place de canaux de communication sécurisés, des séances de sensibilisation à la toxicité au travail ou encore des formations sur la gestion des conflits et le leadership bienveillant…. Comme souvent, il est plus efficace de prévenir que de guérir.

Conclusion

En conclusion, la gestion de la toxicité au sein de l'équipe est une composante essentielle du rôle du manager. En étant attentif aux signes de toxicité, en intervenant rapidement et en favorisant une culture de respect et de communication ouverte, le manager peut contribuer à créer un environnement de travail positif et productif pour tous les membres de l'équipe. En prenant ces mesures, le manager peut non seulement préserver le bien-être et la santé mentale de ses employés, mais aussi assurer le succès et la pérennité de l'entreprise.

Mais le sondage le précisait bien, dans un premier temps, il faut voir directement avec son collègue. Si je reprends le problème du chewing-gum, je n’ai jamais eu à alerter mon manager pour gérer la situation. Un sourire, une explication de mon problème en me moquant un peu de moi-même et 100% de mes collègues mastiqueurs ont compris… mais ce n’est pas toujours aussi simple. Et d’ailleurs, c’est pour cela que mon prochain livre, qui sort en septembre prochain, sera entièrement consacré à ce sujet de nos relations avec nos collègues…