Comment votre entreprise peut-elle vous aider à avoir un bon équilibre vie privée / professionnelle
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La question de l’équilibre vie privée / vie professionnelle s’est invitée de façon très forte pendant le premier confinement. Même si ce sujet était déjà présent chez les spécialistes RH depuis des années, le fait que notre travail entre de façon radicale dans notre sphère privée du jour au lendemain a accéléré une prise de conscience souvent faible de la problématique.
Du fait du numérique, la frontière entre ces deux vies est devenue de plus en plus floue, et cela nous semblait presque normal. Cependant, vous l’aurez probablement remarqué, l’une des deux vies est beaucoup plus problématique que l’autre quand il s’agit de passer au second plan. Eh oui, au travail, nous savons bien, du fait de notre éducation, de notre culture, qu’elle soit personnelle ou d’entreprise, que nos problèmes personnels n’ont rien à faire au travail… alors que le fait de recevoir un email de son manager le soir, le week-end ou pendant les vacances ne semble pas plus choquer que cela.
Cependant, les nouvelles sont plutôt bonnes. En effet, d’après le sondage réalisé la semaine dernière sur LinkedIn auprès de 3 268 personnes, vous êtes 57% à considérer que votre entreprise prend bien ou très bien soin de votre équilibre vie privée / vie pro… ce n’est pas mal du tout à vrai dire !
Pour être honnête, je m’attendais à un résultat plus équilibré. Mais, je suis le citoyen d’un pays qui compte, au moment où j’écris ces lignes, 2.5 millions de personnes en burn-out sévère et je ne peux m’empêcher de penser aux 43% de personnes pour qui ce n’est pas le cas.
Oui, avoir un bon équilibre entre nos vies personnelles et professionnelles est l’une des meilleures armes contre le burn-out. Certain.e.s diront que ce n’est pas l’affaire des entreprises mais que c’est une question individuelle. Ce point de vue m’a toujours choqué, profondément. Personne ne demande à son manager d’organiser des réunions à 19.00 un vendredi, ou à recevoir des emails à toute heure du jour ou de la nuit, ni d’avoir une pression démesurée pour réduire les délais. S’il est vrai que nous avons toutes et tous une responsabilité individuelle dans notre capacité à déconnecter et à dire « non », vous avouerez qu’il est tout de même plus simple d’évoluer dans un environnement professionnel où notre vie privée est considérée comme étant importante.
Alors… que peut faire une entreprise pour agir concrètement ?
1- Faire un bilan, un vrai
Combien d’entreprises connaissent véritablement le volume d’emails envoyés en dehors des horaires de travail ou le nombre de réunions organisées après 18.00 ? Je vous l’affirme : peu, très peu, trop peu. Et pourtant, ces chiffres sont extrêmement simples à obtenir grâce au numérique. Eh oui, une « simple » demande à sa direction informatique et les chiffres seront révélés ; et croyez-moi, ils sont souvent impressionnants.
Bien entendu, faire une étude en interne sur la perception des salariés et sur les points d’amélioration nécessaires est également efficace, mais souvent couteuse. Commencer par exploiter les données déjà à disposition, sans aucun investissement, est un bon point de départ pour prendre conscience de la problématique. Quand, dans une grande entreprise avec laquelle je travaille, le constat est fait que pratiquement 100% des cadres se connectent en dehors des heures classiques de travail, se poser des questions est légitime.
Saviez-vous que la première cause d’absentéisme est le stress généré par son travail ? Et saviez-vous que moins de 50% des DRH connaissent le niveau moyen annuel d’absentéisme de son entreprise… et encore moins son cout. Quand on sait qu’en France, l’addition annuelle de celui-ci est supérieure à 100 milliards d’euros, cela donne à réfléchir.
2- Être coercitif concernant le numérique
Non, une simple charte de la déconnexion ne suffit pas pour changer des habitudes prises depuis des années. Je compare souvent notre relation avec le numérique avec celui que nous avons avec la ceinture de sécurité. Quel rapport me direz-vous ?
Eh bien, nous savons toutes et tous que la ceinture de sécurité, comme le fait d’avoir un bon équilibre vie privée / vie professionnelle, c’est important pour notre santé. Pourtant, en 1973, peu de personnes mettaient leur ceinture au volant. Au regard du nombre de morts sur les routes cette année-là, le Gouvernement décide de la rendre obligatoire sous peine d’amende (pour rappel, 135€ aujourd’hui). 50 ans plus tard, auxquels d’entre-vous viendrait-il à l’idée de ne pas mettre sa ceinture en conduisant ? Très peu. Il aura fallu « la peur du gendarme » pour changer une habitude.
Et c’est pour cela que, par exemple, Michelin envoie un email de rappel si un salarié se connecte plus de 4 fois en un mois à sa boite email en dehors des horaires de travail et sera convoqué par sa hiérarchie s’il/elle continue afin de trouver une solution, que Volkswagen ferme ses serveurs email en Allemagne en 17.30 et 7.00, ou que Daimler supprime tous les emails reçus par un salarié pendant ses vacances.
Dans une organisation, il suffit d’une personne qui ne respecte pas la déconnection pour que toute l’entreprise fasse de même. Il en va de même pour les réunions tardives.
“La tendance la plus profonde de toute activité humaine est la marche vers l'équilibre. ” Jean Piaget
3- Sensibiliser les managers
Un escalier se nettoie par le haut, c’est bien connu. Si la direction d’une entreprise n’applique pas à elle-même de bonnes règles d’équilibre vie privée / vie professionnelle, il n’y a aucune chance pour que les salariés le fassent, absolument aucune. Il y a quelques années, j’ai refusé une mission de conseil sur ces questions car la DRH avait refusé que le Comité Exécutif soit concerné par les idées que j’apportais.
Exprimer clairement à son équipe qu’il n’y a pas que le travail dans la vie est important, fondamental même. Par contre, imaginer que cet équilibre sera le même pour toutes et tous est un leurre et l’arrivée massive à venir des demandes de flex-horaire ne simplifiera pas la tâche, je vous l’accorde.
Cependant, avoir un rendez-vous en tête à tête avec chaque membre de son équipe pour évaluer la qualité de son équilibre vie privée / vie professionnelle est un bon point de départ. Il y a une grande différence entre un salarié qui écrirait un email à 21.00 (avec un envoi différé bien entendu) après avoir passé une journée entière à travailler, et un autre qui ferait de même, mais est allé faire un tennis de 16 à 18.00 avec son meilleur ami.
L’important est que les tâches soient réalisées, ni quand, ni en combien de temps elles le sont. Nous avons trop souvent tendance à imposer des horaires fixes (ce qui est une obligation pour certains métiers, certes) et une quantité horaire quotidienne… or, désormais, ce n’est plus notre vie personnelle qui doit s’adapter à notre vie professionnelle, mais exactement l’inverse, avec toutes les questions organisationnelles que cela pose.
Complexe ? Oui… mais c’est le prix à payer pour fidéliser les salariés et avoir une bonne image employeur.
4- Changer de culture en valorisant la vie privée
Soyons clair, il ne peut y avoir de vie professionnelle épanouie sans avoir un bon équilibre entre vie perso et vie pro. Paradoxalement, plus la vie professionnelle prend de la place dans la globalité de notre vie, et moins l’énergie que nous pourrons y mettre sera grande, jusqu’à l’extrême qu’est le burn-out. Je le rappelle souvent, mais les personnes faisant un burn-out sont systématiquement les personnes les plus « impliquées » dans leur travail et qui laissent leur travail envahir leur espace personnel.
Voici quelques phrases qui ne devraient plus être systématiquement « honteuses » en entreprise :
· je ne peux assister à ta réunion planifiée de 18 à 19.00, je vais au théâtre
· je n’ai pas répondu à ton email hier car tu l’as envoyé à 19.30
· le délai que tu me demandes n’est pas raisonnable
D’ailleurs, le phénomène du quiet quitting (qui consiste pour les salariés à ne produire « que » ce pour quoi ils sont payés, rien de plus), montre que tout cela est une demande forte de leur part.
Mais au-delà du changement des mentalités, certaines entreprises vont plus loin en créant des chaînes vidéo interne dans lesquelles les salariés peuvent partager leur passion personnelle afin de valoriser le fait qu’ils/elles sont de bons professionnels, ils/elles ont des vies personnelles enrichissantes.
CONCLUSION
En fait, les vies personnelles et professionnelles ne devraient pas, idéalement, être en compétition, mais être complémentaires. Pendant beaucoup trop longtemps, notamment du fait du chômage de masse, la peur de perdre son emploi faisait que les salariés se pensaient corvéables à merci. Difficile de dire « non » à un salarié qui multiplie sans compter ses heures supplémentaires… et pourtant, c’est totalement dans l’intérêt à moyen et long terme de l’entreprise.
Garantir un bon équilibre vie privée/ vie professionnelle n’est en aucun cas un cadeau que l’on fait aux salariés. Il s’agit d’un investissement sur le moyen / long terme sur ses équipes et, en conséquence, sur son entreprise. Comme le disait le fondateur du Groupe Virgin Richard Branson au siècle dernier, déjà : « si vous souhaitez que les salariés prennent soin de votre entreprise, prenez soin de vos salariés ».
Et vous… votre équilibre vie privée / vie professionnelle est-il bon ? Pour le savoir, vous pouvez faire ce test en ligne gratuit.
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