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Et si nous arrêtions de nous excuser ?


C'est en lisant un post de Béatrice Bretegnier (il faut savoir rendre à César ce qui est à César) que l'envie d'écrire sur ce sujet m'est venue. Elle mettait en avant cette incroyable capacité que nous avons à nous excuser de tout, tout le temps. Elle parlait même de cette amie qui, se faisant bousculer par quelqu'un dans un magasin s'en est excusé. Et c'est vrai, notre culture nous pousse depuis tout(e) petit(e) à demander pardon : pardon d'être en retard, pardon d'être en avance, pardon d'avoir réussit là où d'autres ont échoué, pardon de déranger son boss pour demander de l'aide, pardon de demander une augmentation, pardon de demander de la reconnaissance... bref, pardon à tous les étages.


Alors, soyons clairs, je ne vais pas argumenter sur le fait qu'il faille toutes et tous nous transformer en énormes goujats qui peuvent marcher sur les pieds de tout le monde sans pour autant s'excuser mais, par contre, je vais essayer d'expliquer pourquoi il faut apprendre à mettre de côté ses craintes histoire de se sentir mieux en gonflant, pour une fois, son égo. Etre bienveillant envers soi-même, de temps en temps, c'est pas mal non plus !


Car il s'agit bien de cela. La personne qui demande pardon à tout bout de champs le fait car elle ne se sent pas légitime pour agir tel qu'elle le fait. Le manque de confiance en soi va faire qu'on n'osera pas dire à la personne qui nous double dans une file d'attente de reprendre sa place de peur de générer un conflit... c'est idiot, hein ? Et pourtant, qui ne l'a pas fait ?


Ci-dessous... quelques exercices pratiques à mettre en oeuvre dès demain.


Demain, j’arrête de m'excuser parce que je dois partir tôt

Au Japon, une collaboratrice ou un collaborateur devant partir avant 19.00 mais surtout avant son boss doit aller le voir et s'excuser de ne pas être solidaire de son travail... rien que ça. Résultat ? Un actif japonais sur 5 est exposé au "Karoshi" que l'on peut traduire par "mort par excès de travail". Le présentéisme est assez spécifiquement français même si les japonais semblent nous battre... pour autant, c'est à nous de montrer l'exemple. Depuis cette année, le gouvernement japonais a lancé les "Premium Friday", le dernier vendredi de chaque mois, où les salariés doivent partir à 15.00 du travail.


Demain, si on me passe devant dans une file d'attente, j'interpelle la personne

Depuis quelques années désormais, je ne me laisse plus faire. Quand on essaye de me doubler, je demande à la personne indélicate de retourner à sa place... moment de solitude bien souvent je dois vous dire, surtout quand la personne est nerveuse. Mais peu importe, pourquoi devrais-je me taire après tout devant cela ? Ce qui est étonnant, c'est qu'une fois que quelqu'un fait remarquer à la personne de retourner à sa place, d'autres prennent le relais pour insister. Pendant longtemps, je ne disais rien de peur du conflit... je vous assure, c'est tellement bon de ne pas se laisser faire !


Demain, si on me bouscule dans la rue, je le dis

Ça ne vous est jamais arrivé que quelqu'un vous donne un coup d'épaule dans la rue et que ce soit vous en premier qui vous excuse ? Si c'est le cas, la prochaine fois, essayez de dire à la personne indélicate "dites, vous pourriez vous excuser, non ?" Bon, soyons honnêtes, si la personne fait 2 mêtres et semble sortir tout droit d'une salle d'entrainement de krav maga... pas certain que j'en ai le courage mais ce qui est bien, c'est que les malpoli(e)s n'ont pas forcément toutes le physique de Teddy Riner !


Demain, je ne m'excuse pas de prendre la parole

J'ai trop souvent vu en réunion des collaboratrices et des collaborateurs s'excuser avant de prendre la parole ayant comme double effet :

1- l'auditoire, devant si peu d'assurance, va avoir des a priori quant au contenu de ce qui va venir

2- si vous êtes dans cette réunion, c'est a priori pour que vous puissiez vous exprimer... vous excuser, c'est remettre en cause la légitimité de cette présence.


Demain, je ne m'excuse pas de vouloir déconnecter

"désolé, je n'ai pas vu ton mail"... phrase entendue d'un salarié se faisant engueuler par son boss parce qu'il n'avait pas répondu à un mail envoyé.... à 22.00 !!!! La normalité en entreprise est en train de basculer, lentement mais doucement, vers une utilisation plus saine des outils numériques. Les mails à toute heure sont de moins en moins admis et le fait de déconnecter quotidiennement ainsi que le week-end de plus en plus imposé par les entreprises conscientes que le bien-être de ses salariés est source de productivité et de créativité. Ne pas regarder ses mails après 19.00 n'est pas une option, c'est normal, recommandé et cela sera la norme absolue partout d'ici quelques années... prenez de l'avance !


Demain, je ne m'excuse pas de demander une augmentation / promotion

Pas facile en entreprise de demander quelque chose pour soi : impression de paraître trop prétentieux(se) ? Sauf que, si vous pensez le mériter, c'est que vous avez des arguments concrets qui vont dans le sens de l’intérêt de l'entreprise. Commencer une telle demande par un "excusez moi de vous demander pardon" ne donne pas envie à votre interlocuteur ou interlocutrice de vous accorder beaucoup de crédibilité. Commencer par "bonjour, je souhaiterai une augmentation et je vais vous expliquer pourquoi je pense la mériter"... tout de suite, ça pose le débat ! L'entreprise qui vous accordera cette promotion ne vous fait pas un cadeau, elle ne fait que récompenser une performance et s'assurer que vous n'irez pas voir ailleurs. Les relations salariés/entreprise sont un échange d’intérêts ! Si cet échange est déséquilibré, ça ne fonctionne plus.


Demain, je ne m'excuse pas de ne pas être d'accord

En quoi votre opinion serait-elle moins importante ou pertinente que celle de votre voisin(e) ? Trop souvent, nous portons sur nous-même un regard qui est trop dur et intransigeant... beaucoup plus que quand nous regardons les autres. Bref, nous avons le doit de ne pas être d'accord et de le dire. Notre salaire n'est pas là pour transformer tout le monde en béni-oui-oui, bien au contraire. Une entreprise a besoin de contradiction pour avancer. Si tout le monde est d'accord, tout le temps, peu probable que celle-ci sorte de sa zone de confort et soit créative. Vos opinions comptent.


CONCLUSION

Il ne s'agit pas de devenir des warriors du soir au matin mais juste de prendre conscience que notre volonté, nos idées ou nos opinions ne sont pas moins importantes que celles des autres. Ne pas s'excuser de ne pas être d'accord, ce n'est pas subitement se transformer en empêcheur/se de tourner en rond... c'est affirmer sa personnalité, c'est apporter sa spécificité et c'est surtout travailler sur l'estime que l'on a de soi. C'est vrai ça... à force de s'excuser de tout, il est probable que l'on se considère comme inférieur à toutes et à tous. Et, croyez moi, cet abruti qui a essayé de griller toute la file d'attente en toute connaissance de cause avant-hier à la Poste avant que je ne lui en fasse la remarque ne me donnait pas l'impression d'être tellement plus formidable que moi.... aaaaaah, amour propre quand tu nous tiens !!!


Avec Bob sur scène

L'AUTEUR
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