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Le "bon sens" : l'arme fatale du manager


Lors de mes conférences et dans mes articles, je parle souvent du "bon sens", de cette capacité à analyser une situation et à agir en utilisant des connaissances simples plutôt que de faire appel à des expertises ou des connaissances complexes. Dernièrement, je me suis fait interpellé de façon un petit peu triviale à ce sujet; la personne me disant que le simple bon sens n'est en rien un outil à part entière et que, in fine, je me trompais... étant plutôt une personne ouverte d'esprit, je me suis posé cette question "et si effectivement, j'avais tort ?". Et, ainsi, j'ai commencé à faire une liste des problématiques en entreprise qui connaîtraient un grand progrès si le simple bon-sens était mis en avant au quotidien.


L’absentéisme explose dans mon équipe : euuuuuh... peut-être que les gens ne sont pas heureux ? Ok, il peut arriver qu'il y ait une épidémie de gastro localisée juste sur mon équipe depuis 3 mois mais l’absentéisme est clairement le meilleur indicateur du bien-être des collaborateurs : Bon sens !


Mon équipe est de mauvaise humeur en permanence : connaissez vous quelqu'un qui fasse la tronche juste par plaisir ? Je vous entends d'ici "ouiiiiii, j'en connais !". Ok, il y en a mais ce n'est pas commun. Si l'ambiance dans une équipe n'est pas bonne, il y a des facteurs explicatifs. C'est exactement comme dans un couple ! Et bien si l'on veut que cette ambiance change, il n'y a qu'une seule solution : parler avec les collaborateurs du sujet pour identifier la cause puis la supprimer : Bon sens !


J'ai peur que mes collaborateurs fassent un burn-out : un burn out, ce n'est pas la grippe ou la gastro, cela ne s'attrape pas. Il y a des facteurs explicatifs de mieux en mieux connu... le travail en est un. Souvent, ce sont les salariés les plus impliqués qui font un burn-out car ils travaillent trop, déconnectent peu, se mettent une pression de fou. Le manager doit être attentif à ne pas envoyer de mails en dehors des horaires de travail et exiger que ses collaborateurs fassent de même. Si le manager ne crée pas les conditions de la déconnexion, comment voulez vous que les collaborateurs aient des moments pour récupérer : Bon sens !


La pression mise sur les managers est de plus en plus forte : c'est vrai, échéance de plus en plus courte, pressions des marchés (qu'ils soient financiers ou non). Cependant, tout cela est-il une fatalité ? A quelle moment l'être humain a t'il oublié qu'il a le droit de dire "non" ? J'ai travaillé pendant 20 ans dans des grands groupe comme TF1 ou Canal+... pas tendre comme environnement car très court-termiste. Mes équipes n'ont jamais subit de pression malsaine car j'ai toujours considéré que le rôle premier d'un manager est de gérer ses équipes et de faire en sorte qu'elles donnent le meilleur d'elles même. Mais pour faire cela, j'ai dû un grand nombre de fois dire "non" à ma hiérarchie estimant que l'objectif fixé à l'origine n'était pas raisonnable par rapport aux moyens donnés. Alors oui, ce n'est pas toujours simple de s'opposer, même quand on pense que c'est dans l’intérêt de tous. Au pire, qu'aurait-il pu m'arriver ? Qu'on me vire ? J'en étais conscient mais j'ai toujours estimé qu'un manager était payé aussi pour dire non de temps en temps. Le manager qui dit oui a tout verra une pression de plus en plus forte tomber sur ses épaules : bon sens

pour aller plus loin sur ce thème, mon article "dire "non", c'est bon !"


Le management bienveillant est une mode : point de vue intéressant si l'on fait un peu "d'histoire". Le début de l'histoire des politique de Qualité de Vie au Travail ou de lutte contre les Risques Psycho Sociaux, tout du moins en France, c'est le traumatisme occasionné par la vague des suicides chez France Télécom. Quelle entreprise pourrait supporter, d'un point de vue humain, et business, que ses collaborateurs préfèrent se suicider plutôt que de venir travailler ? Au Japon, un salarié sur 5 risque de se suicider, à tel point que le Premier Ministre Shinzo Abe a déclarer l'année dernière un plan d'urgence pour lutter contre ce fléau ! Regarder l'impact sur l'image de marque de Lidl qu'a eu ce reportage de "Cash Investigation"... les entreprises n'ont tout simplement plus le choix. Que ce soit par humanisme ou par cynisme, la bienveillance en entreprise a toute sa place : bon sens


L'entreprise... c'était mieux avant ! Aaaaaah ces personnes qui voient dans le passé des solutions pour l'avenir. Concernant le monde de l'entreprise, pourquoi ne pas aller relire L’Assommoir de Zola pour voir s'il n'y aurait pas des méthodes de management inspirante ? Plaisanterie mise à part, je ne crois pas que le monde de l'entreprise ait perdu sa capacité à motiver ses troupes... je pense par contre que le management oublie parfois que pour motiver les salariés sur une tache, il faut savoir donner un sens à cette tache... la remettre dans un contexte et, surtout, prendre le temps de le faire au lieu de passer 24 jours par an en réunions parfois inutiles. Remettre l'humain au centre de tout c'est gagner en efficacité et en implication car de tout temps, c'est l'Homme qui fait fonctionner l'entreprise : bon sens.


Je ne sais pas comment faire avec mes collaborateurs : la règle d'or est simple : ne jamais se comporter avec ses collaborateurs d'une façon qui me déplairait si mon propre manager le faisait. Cela ne transformera pas toute personne en grand manager, mais c'est un point de départ qui, déjà, ferait disparaître, les managers toxiques, le sexisme les mails à toute heure du jour et de la nuit en entreprise : bon sens !


Conclusion

Je pourrais multiplier les exemple à l'infini mais je vais m’arrêter là. Je dois bien vous avouer que tout ces concepts d'entreprise libérée, d'économie collaborative et j'en passe ne m'intéresse pas vraiment... voire me lassent. En effet, sans se lancer dans de grandes mutations au sein des entreprises, mutations qui sont peut-être nécessaires, je suis profondément convaincu que si le management faisait preuve de bon sens, au quotidien, se serait déjà un formidable début pour qu'en France, nous luttions enfin contre ce chiffre terrifiant qu'est celui du burn-out : 10% des actifs sont concernés !


Les grandes théories sont (parfois) intéressantes mais (ré)apprendre à dire bonjour à ses collaborateurs, faire attention à ce qu'ils disent, leur expliquer le sens de leur action, parler dès qu'il y a un problème au lieu d'attendre l'entretien annuel, partager ses stratégies pour les faire évoluer... déjà, si toutes ces "petites" choses étaient faites, venir en entreprise chaque matin serait sans aucun doute possible un bonheur pour beaucoup plus de personnes : bon sens !

Avec Bob sur scène

L'AUTEUR
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